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Tout personnel exerçant dans l'éducation - ou presque - est fonctionnaire et bénéficie de droits mais a aussi un certain nombre d'obligations qui ne sont pas exclusivement liées à son métier. Avoir le droit de grève, des droits à congé, par exemple, mais aussi comprendre le devoir d'obéissance hiérarchique qui n'exclut pas la capacité d'exprimer un ou des désaccords sans pour autant remettre en cause la décision prise, une fois que le temps de l'échange a permis l'expression de toutes les positions et qu'un arbitrage est rendu, dans le respetc de la loi républicaine.
Les "personnels d'encadrement", très logiquement, parce qu'ils se voient confier des responsabilités importantes dans le suivi, le pilotage du système éducatif, à plusieurs échelons, sont encore plus tenus à cette obligation de "réserve", d'obéissance. Cela n'anihile en rien leur réflexion mais une fois lauréats d'un concours (inspecteur, personnel de direction, cadre administratif) tous ces personnels savent que cela fait partie de leur métier. Le système les autorise à s'exprimer, souvent dans des cercles plus restreints, mais parce qu'ils sont conduits à s'assurer que les décisions voulues par une majorité politique sont effectivement mises en oeuvre (sinon, quel sens donner à une élection, à un fonctionnement démocratique?), ils ne peuvent et ne sont pas autorisés à la fois à s'assurer de l'application d'une mesure et à la critiquer ouvertement.
Ce principe simple, qui permet d'assurer la continuité du service public sur tout notre territoire et que la parole régulièrement donnée aux citoyens de notre pays soit respectée, ne doit pas être caricaturé. Et cette obligation de réserve et de neutralité, voire parfois de défense de certains dispositifs voulus par un ministre ne signifie pas l'abdication de leur libre arbitre et de leur choix de citoyens. Ceci quand bien même - cela m'arrive parfois - ce cadre s'y oppose à titre personnel.
Tout est aussi affaire de conviction : il est arrivé à des hauts fonctionnaires de démissionner par le passé. Occuper des fonctions de direction implique parfois que ses propres convictions soient mises de côté... pour le "bien" de la chose publique et la continuité.
Cette longue introduction me permet de répondre à un certain nombre de commentaires lus sur de précédents messages : les choses ne sont jamais simples, nettes et notre système éducatif est suffisamment complexe pour que les décisions publiques ne soient pas "par principe" caricaturées. C'est cela, le métier de cadre : être une personne qui doit mettre en place, faire que les personnels qui exercent sous son autorité "exécutent" mais dans une mise en perspective permanente des politiques mises en oeuvre. C'est une obligation du personnel d'encadrement. Faire comprendre. Ne pas refuser la discussion, au contraire qui n'est pas toujours synonyme de refus d'exécuter. Les débats sur les conseils pédagogiues, sur l'enseignement de la grammaire, sur la note de vie scolaire et sur Ambition Réussite - pour ne prendre que ces exemples récents - ont permis à tous de s'enrichir, de penser nos métiers et leur exercice quotidien.
Le choix de l'encadrement est un choix qui doit donc être réfléchi : c'est un choix parfois de solitude (assumer et défendre des choix publics pour que la parole citoyenne soit entendue) mais où le devoir est d'accompagner la compréhension sur le terrain des mesures mises en oeuvre. Pour être précis, quels que soient mes options politiques, demain, je mettrais en oeuvre, toujours, des politiques publiques. Le service du public exige ce sens du devoir.
"Assurer la réussite de tous" est une expression qui peut être défendue par tous les bords politique, ou presque. Le personnels d'encadrement doit au quotidien s'assurer que les choix faits par un ministre sont compris - discutés au sens noble du terme - et appliqués. C'est un métier difficile, une position parfois délicate intimement. Mais je vois aujourd'hui le cadre (pédagogue ou administratif) comme une personne qui sait que de lui dépend - sans en exagérer la lourdeur de la tâche - l'application de ce qu'une population dit vouloir à un moment donné où il lui est proposé de se prononcer.
"Facilitateurs"
Au bout du compte, si l'on entend par là l'impérieuse nécessité faite aux cadres, d'expliquer, inlassablement, sur le terrain, les politiques mises en oeuvre tout en s'assurant qu'elles le sont, alors je pense que je peux me penser comme un facilitateur. Faire oeuvre de pédagogie, prendre le temps de discuter, et savoir imposer ce qui doit l'être pour que le "système" ne se casse pas la figure. Ce positionnement délicat, parfois inconfortable, est aussi stimulant intellectuellement. J'espère au quotidien arriver à démontrer cela, à mes partenaires, aux personnels que je dirige : le cadre facilite la mission des autres personnels quand il sait à la fois décider et diffuser l'information. C'est en cela que le métier d'encadrement a évolué significativement : il y a toujours la nécessité pour lui d'imposer les réformes voulues, mais de la manière la plus intelligente possible en permettant à tous ceux qui l'entourent d'accéder à l'information et aux connaissances du système éducatif. Reste pour lui, toujours, la possibilité, dans l'isoloir, de s'opposer le moment venu à ce qu'il pense non pertinent ni juste. Et c'est là l'essentiel.
Rester un citoyen libre mais faire appliquer en rendant intelligible les attendus et les contours d'un texte de loi, d'un décret, etc. Voilà ce qu'est un personnel d'encadrement aujourd'hui. Je reconnais cependant que ce n'est pas tous les jours facile...
Je suis très étonnée de voir certaines réactions à propos de la règle qui veut que l'on doit une heure de plus lorsqu'on enseigne plus de 8 heures à des groupes de moins de 20 élèves, comme si cette règle était une nouveauté. J'enseigne depuis 1992 en collège et cette règle m'a toujours été appliquée : je travaille depuis toujours 19 heures payées 18.
Je suis très inquiète quant à l'évolution de notre statut, car en temps que prof d'allemand, je suis en première ligne, du fait de la baisse des effectifs.
Contrairement à ce que Mme Michaud imagine, je ne suis pas loin d'ê^tre d'accord avec beaucoup de ses propositions et de ses constats sur la "réalité" du travail d'un enseignant. Je n'en suis pas, certes, mais cela ne m'empêche pas de pouvoir en parler et c'est au moins sur ce point que je voudrais qu'une partie des professuers en exercice tombent d'accord.
Le fait d'être en représentation n'est pas l'apanage du seul métier d'enseignant, et cette fatigue psychologique dont parle Mme Michaud est aussi l'apanage de quelques pautres catégories de personnels de l'éducation nationale. Je n'ai jamais prétendu que les professeurs ne travaillaient pas et n'avaient pas beaucoup de travail en dehors des heures de classe. Cela me semble une évidence et c'est bien parce que je l'ai VU que je ne cesse de dire à mes collègues "administratifs" que c'est une réalité. Cela ne doit pas pour autant nous empêcher de voir que l'école a changé et que les "commandes" passées aux fonctionnaires chargés d'assurer que les enfants reçoivent peu ou prou sur tout le territoire une éducation de qualité doivent constamment - sans pour autant se dénatuer - évoluer. Aujourd'hui, il est urgent que la différenciation des parcours d'élèves soit suivie de près par les enseignants, formés à cet effet, beauocup plus qu'ils ne le sont aujourd'hui, quitte à ce que leurs temps de service évoluent en conséquence. Et à ce titre, je ne loge pas les seuls enseignants dans cette nécessaire adaptation à la massification de l'école.
Cela veut dire à la fois entendre raisonnablement le discours de Mme Michaud mais aussi celui du citoyen qui sent confusément que l'école telle qu'elle fonctionne aujourd'hui ne parvient pas à colmater les brèches d'une ouverture proprement révolutionnaire à tous les publics mais face à laquelle nos pratiques doivent évoluer, sans mépris ou refus de savoir comment se vit le métier. C'est à une vraie réflexion globale sur l'école que doivent s'atteler les personnels de l'éducation nationale, avec la possiblité d'entendre les discours des parents, des partenaires qui financent l'école par exemple.
Nos temps de travail ne sont pas immuables. Si les professeurs ne font "que" 15 à 18 heures de cours, c'est bien parce que l'on sait que d'autres heures sont nécessaires pour les assurer. Le métier d'enseignant est ou doit être un métier intellectuel, de... "recherche" pédagogique permanente et je suis en cela bien d'accord avec Mme Michaud.
Je maintiens tous mes axes de réflexion précédemment proposés dans mon précédent message et encore merci de nous ouvrir la possiblité de croiser nos regards sur l'école et ses responsabilités. Je vous invite à jeter un coup d'oeil sur la revue trimestrielle de l'association française des administrateurs de l'éducation qui a pour titre "L'école doit-elle tout faire?" (n°4 - 2006) Passionnant!
Bon débat à nous tous!
ce que je constate dans le texte du cadre administratif : la réalité même du travail d'un professeur lui échappe, cotoyer des enseignants n'est pas faire le métier ; je peux témoigner que mon propre conjoint n'y a rien compris non plus, alors qu'il me voyait bien travailler à mon bureau. la personne qui ne l'a pas fait pendant une période assez longue ne peut sûrement pas comprendre. il est plus facile de penser qu'il s'organise mal, que c'est un cas personnel,voire une brebis galeuse.outre les nombreuses sollicitations sur le lieu de travail par les élèves (j'ai eu jusqu'à 400 élèves par semaine, sans heure supplémentaire !)mais aussi par les collègues et par les administratifs ce qui est bien normal, il faut ajouter la fatigue nerveuse et intellectuelle due non seulement aux copies, aux préparations de cours mais aussi aux lectures nombreuses indispensables pour le recyclage personnel qu'il faut faire le plus vite possible dans nos matières, mais aussi en pédagogie. chaque stage, chaque réunion avec les autres se traduit en général par beaucoup de travail personnel après, ce que, par pudeur, beaucoup d'enseignants cachent car il n'est pas de bon ton de dire que l'on trime, il vaut mieux jouer les privilégiés et faire semblant d'être au-dessus du tâcheron ... soyons élégants, ayons l'air cool ! la réalité est toute autre...
comment je l'analyse : d'abord on ne peut pas considérer que tous les profs font le même métier, même si une partie est commune, le fait d'enseigner auprès des jeunes ; enseigner telle ou telle matière ne donne pas les mêmes quantités de travail, ni les mêmes obstacles à franchir pour l'élève et donc par le prof.
penser que les enseignants ne se remettent pas continuellement en cause c'est oublier toutes les réformes qui se suivent, les connaissances qui augmentent, les programmes qui changent, la nécessité de s'adapter au public qui change même d'une classe à l'autre, alors d'une année à l'autre, forcément ! les enseignants sont les 1ers à réfléchir continuellement à leurs pratiques, à jongler entre ce que sont les jeunes et ce que la société demandent qu'ils apprennent,à imaginer toutes les solutions pratiques
ce que je propose :-prendre en compte la fatigue intellectuelle des enseignants et pas seulement la fatigue physique.-comptabiliser le temps nécessaire à ce travail intellectuel personnel pour garantir la qualité de leur travail. arrêter de culpabiliser les enseignants qui sont le plus souvent d'anciens bons élèves qui continuent à faire le mieux possible, font des miracles dans des conditions parfois horribles.ils en ont fait tellement qu'on continue à leur en demander toujours plus. - valoriser leur rôle social pour leur rendre la dignité qui a été mise à mal depuis quelques années. - les faire participer intelligemment à l'évolution de l'école. -institutionnaliser l'interdisciplinarité dans l'emploi du temps, mais ne pas leur rajouter une matière nouvelle à enseigner, chacun en fait déjà plusieurs (biologie/géologie, histoire/géographie, physique/chimie,par ex)
-penser à la quantité de travail qui précède une représentation théâtrale pour avoir une petite idée de ce qu'on demande à 1 enseignant de faire toutes les heures avec un public qui change à chaque heure ! -mettre l'élève au centre de nos préoccupations, il me semble que c'est ce que nous avons toujours fait ! que, après analyses de toutes les tactiques utilisées, on en préconisent certaines plus que d'autres, bravo ! mais ne pas opposer les enseignants qui font et les chercheurs qui utilisent ce que les précedents on fait pour publier leurs résultats, bref, faire que les enseignants soient en coopération avec les chercheurs, par ex que des enseignants volontaires aient une partie de leur horaire en recherche (hélas, ce n'est pas dans l'air du temps..)
Il m’a été difficile de trouver un thème convenant parfaitement à la question des effets de la télévision. J’ai finalement choisi celui des autres questions décisives à l'intérieur des questions institutionnelles.
Depuis le milieu des années 80 les images de la télévision, qui sont des images de conception photographique, (comme celles du cinéma), ont envahi massivement nos espaces de vie quotidiens. Plusieurs études récentes montrent que les enfants regardent toutes sortes d’émissions. Or, du point de vue de la sémiotique les images de conception photographique n’ont pas un statut de symbole, ni même d’icône, mais d’indice, (classification de Peirce). Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité des espaces d’expression, des espaces de communication, (notamment un des plus modernes, un des plus récents, surtout le plus fréquenté), sont massivement envahis par des représentations qui ne font que « citer » la réalité. Ce type de représentation n’est pas nouveau mais la télévision lui a permis de franchir un seuil de pénétration culturelle. Peut-on continuer à ignorer les conséquences d’un tel phénomène sur les enfants, sur les apprentissages scolaires ?
Je ne peux livrer ici que quelques observations, plutôt en vrac :
-Devant la télé le jeune enfant apprend à reconnaître ce qu’il voit sans avoir besoin de le nommer ; d’où un phénomène de conceptualisation inachevée très important, (de préconceptualisation par réf à Piaget), et des motivations, des attentes particulières à l’égard de l’école. L’environnement de l’enfant est aujourd’hui une réalité complexe médiatisée par la télévision.
- La télévision abolit les notions d’espace et de temps et affecte fortement le développement de leur perception par les enfants. Les conséquences sur les activités scolaires sont très importantes, notamment dans le développement des capacités de lecture, l’assimilation des systèmes de numération et de mesure.
- L’image de conception photographique est faite de plages et non de lignes. Sa perception est donc globale. Elle a une signification immédiate ou n’en a pas. Ces deux facteurs sont à l’origine d’une transformation profonde des rapports des jeunes aux langages. Des rapports encore pervertis par des attitudes acquises devant la télé. Aux effets premiers, qui s’expliquent par le statut d’indice de ce type d’image (statut sémiologique), s’ajoutent donc des effets secondaires qui se retrouvent dans les comportements scolaires, les attitudes en classe, les capacités d’écoute, la disponibilité intellectuelle, les formes de réflexion, la façon de travailler, le savoir apprendre.
C’est la nature du média qui pose problème notamment parce qu’il s’organise autour d’images de conception photographique, dont la diffusion massive a introduit un énorme bouleversement dans nos rapports aux langages, en épargnant personne. Dans cette situation la critique des émissions est un exercice totalement stérile. L’adaptation de nos écoles au monde moderne passe par une approche sémiologique de ce type d’images, une étude de leurs rapports à la mémoire, de leurs interventions dans les activités intellectuelles, de leurs effets et des conséquences à en tirer.
J’ai tenté ici l’exercice, pour moi, assez difficile de soulever cette question dans un «article » d’une page. Philippe Meirieu a bien voulu placer sur son forum un texte nettement plus conséquent (8 pages). J’espère que les internautes intéressés trouveront le temps de le lire.